Les Chroniques de Thomas Covenant 3 : La Terre Dévastée

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La Terre Dévastée est le troisième volume de la saga de Stephen R. Donaldson. Thomas Covenant saura-t-il convaincre avec la fin de cette trilogie inaugurale ?

Thomas Covenant est de retour dans le monde réel. Ce monde hostile qui veut se débarrasser de lui. Car personne ne souhaite la présence d'un lépreux dans son entourage. Désespéré, Thomas s'enfuit dans la forêt, où il entend des hurlements stridents : ceux d'une fillette en danger. Il se précipite pour lui venir en aide, mais au même instant, il est projeté dans le Fief. Au Royaume, c'est le chaos. La citadelle est assiégée par les hordes maléfiques de Turpide le Rogue. Les seigneurs combattent avec l'acharnement du désespoir. L'issue semble fatale. Seul l'or blanc que détient le lépreux pourra sauver le Royaume. Mais Thomas ignore comment s'en servir. (Ed. Pocket)

Le grand cycle en dix volumes de Stephen Donaldson se divise en sous-groupes ayant leur cohérence interne. La Terre Dévastée est le troisième volume de la série, et termine cette trilogie inaugurale des aventures de Thomas l'Incrédule dans l'étrange contrée du Fie, trilogie qui avait débuté de façon assez chaotique pour se poursuivre sur un deuxième tome beaucoup plus convaincant. Cette première série tient-elle les promesses faites par le tome 2, La Retraite Maudite ?

La difficile victoire du Fief à la fin du deuxième volume face à son redoutable ennemi, Turpide le Rogue, n'a visiblement pas suffi. Dans le Fief, le règne du Mépris, nom donné aux forces du mal dans le monde de Donaldson, ronge de plus en plus les vallées verdoyantes du territoire dirigé par Mhoram, chef du Conseil des Seigneurs de Pierjoie. Le titre français de ce tome 3 campe assez bien l'ambiance qui règne à l'orée du récit : ravagé par un hiver persistant, le Fief, et tous ses habitants avec lui, dépérit peu à peu, Turpide ayant réussi, on ne sait comment, à reprendre possession d'un pouvoir équivalent à celui du Bâton de la Loi, pourtant présumé détruit avec les événements dramatiques de la fin du tome 2.

Alors que le Fief tente de résister (Pierjoie elle-même en vient vite à être assiégée), Covenant, de retour dans le monde réel, est de plus en plus acculé par une ville qui ne veut plus d’un lépreux à proximité. Mais, considérant plus que jamais le Fief comme le produit de son imagination, refuse l’invocation à Pierjoie effectuée par Mhoram. Sans l’Incrédule et son anneau d’or blanc pour sauver le Fief, la population commence à désespérer.

Pour cet épisode de sa saga, Donaldson tente de retrouver un peu d’originalité dans les chapitres introductifs : l’arrivée de Covenant dans le Fief se fera par un biais détourné. Le lecteur suivra le héros dans un parcours solitaire avec son ami de toujours, le géant Salin Suilécume, tandis que le gros de l’action et de danger est concentré sur le long et bien mené siège de Pierjoie, qui parvient à tenir le lecteur en haleine jusqu’au bout. Covenant, cette fois, est seul avec lui-même. Donaldson s’autorise ainsi des développements plus importants à l’évolution psychologique de son personnage, qui, tout en continuant de nier la réalité du monde qui l’entoure, tente à tout prix de le sauver. Cette dualité de perspective autour de l’univers même construit par l’auteur est ce qui fait tout l’intérêt de ce récit efficacement conduit. La part de rêve et d’imaginaire – et la réalité qui lui est attaché – laisse paraître une interrogation discrète sur le sens de l’écriture fantastique par Donaldson lui-même. On reconnaît là un trait d’écriture qui a relativement disparu des dernières productions. Rappelons que la première trilogie des Chroniques a paru dans les années soixante-dix, et non récemment (Donaldson a repris son cycle à partir du tome 4).

Si le premier tiers du livre peine quelque peu à trouver son rythme (comme lors des deux volumes précédents d’ailleurs), le rythme de croisière est trouvé et tenu à partir de la moitié du livre. Si la fin du parcours de Thomas Covenant ne manquera d’éveiller chez le lecteur avisé un parallèle assez marqué avec Le Seigneur des Anneaux , le récit est assez bien mené pour laisser de côté cette inspiration devenue par trop éculée aujourd’hui. L’intérêt de cette Terre Dévastée est bien autant le ton allégorique que prend la fin du roman, qui devient hymne à la Nature face au Mépris, source de toutes les tentations du pouvoir. Le saut n’est pas grand pour avoir la tentation de relire le cycle initial de Thomas Covenant dans une perspective religieuse et biblique : le père de Donaldson était missionnaire auprès des léproseries, et peut-être est-il aussi utile de rappeler que, dans la Bible, le surnom de Saint-Thomas, pour ne pas avoir cru à la Résurrection sans avoir d’abord vu les stigmates du Christ, était précisément… l’Incrédule.

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Les Chroniques de Thomas Covenant 3 : La Terre Dévastée

Note de l'auteur de l'article

14/20

Commentaire : Ce tome 3 termine d'une belle façon la trilogie initiale de Thomas Covenant. On regrette un peu les mêmes défauts dont souffrent les volumes précédents. Mais les nombreuses références, allusions, et interrogations qui parsèment le livre lui donnent une hauteur de vue fort intéressante.

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Article écrit par : Kelem le 02.08.2010 15:07:52

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